Contrairement à ce que naïvement je croyais vers l'âge de dix-huit ans on marche beaucoup à New York (la maigre image fantasmatique que j'en avais était d'une circulation automobile omniprésente qui occupait tout l'espace disponible au pied des gigantesques et écrasants gratte ciel - mais j'ai le souvenir d'avoir été démenti tôt par un ami qui avait fait le voyage). On marche et le besoin de chaussures peut s'assouvir dans des boutiques nombreuses et de tailles variables, sonores toujours, ouvertes tard toujours, suscitant la convoitise au moyen de rangées bariolées de chaussures de toutes sortes même si le devant de la scène reste occupé par le modèle du sport. (On court aussi beaucoup autour du réservoir Jackie Kennedy Onassis à Central Park.) On retrouve les marques et les modèles de magasin en magasin mais parfois on en trouve qu'on croit n'avoir pas encore vu, cette profusion m'étonne toujours, m'étonne autant que la profusion de modèles d'appareils numériques au milieu desquels on se demande avec embarras lequel choisir. Etonnant également le sous-sol du magasin qui occupe un angle de Broadway et la 14ème rue au sud de Union Square, j'ai oublié quelle formule affichée au-dessus de l'escalier informait les moins argentés de la possiblité de se chausser moins cher à condition de se faufiler entre les piles de boîtes poussiéreuses dans les ruelles compliquées dont certaines sont des impasses et où l'on se demande si les vendeurs qui affichent une nonchalance ennuyée pourraient y retrouver la pointure espérée si on se décidait à leur faire part d'une demande quelconque. Après avoir été alléchés par des prix que la traduction en euros rendait encore plus souriants nous avons finalement renoncé à acquérir des chaussures trop voyantes. Et nous avons repris le métro 6 pour rentrer Upper East Side.
Les égyptiens aussi connaissaient l'élégance vestimentaire, en témoignent ces tongs que le Metropolitan ne vendra à personne.
C L
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